Quatre-vingt-deux grandes banques ont dépensé au moins 66 milliards d’euros dans le financement de l’industrie du charbon l’an dernier, selon de nouvelles données sur le financement du charbon publiés aujourd’hui dans de le rapport ‘Banking on coal 2014’ de BankTrack. Cela représente une «année record» pour le soutien financier accordé aux 65 plus grandes entreprises de charbon dans les secteurs charbonnier et d’énergie, à un moment où les investissements devraient être en déclin rapide.
Sorti quelques jours avant la publication du cinquième rapport d’évaluation du Groupe d’experts Intergouvernemental des Nations Unies sur l’Evolution du Climat (GIEC), les 66 milliards d’euros dont parle le rapport représentent quatre fois plus du financement écologiquement désastreux de charbon par rapport à 2005, selon les recherches faites par BankTrack.
Analysant ce qui est maintenant l’une des principales formes de soutien de la vie d’une industrie mondiale de charbon en crise, le nouveau rapport révèle également que les grandes banques ont injecté 373.000.000.000 € (500 milliards de dollars) dans le financement de l’industrie du charbon entre 2005 et Avril 2014. Les 20 grands financiers, dont JP Morgan Chase, Citi et RBS dans le top trois, ont fourni à eux seuls 73% de ce montant.
La nouvelle recherche de Banktrack accompagne le lancement de la campagne «Banques: Désinvestissez » dont le but est de mettre la pression sur les banques commerciales pour arrêter de financer l’industrie du charbon et déplacer leurs capitaux dans l’énergie propre et l’efficacité énergétique. Un nouveau site web ‘Coal banks’, également lancé aujourd’hui, fournit des données exhaustives sur les liens profonds en cours entre le secteur de la banque et l’industrie du charbon, et donne aux gens de partout dans le monde une occasion d’encourager directement les banques à cesser leur financement dans le charbon.
Yann Louvel, coordinateur de la campagne « BankTrack’s Climate and Energy », a déclaré:
« Les nouvelles données de Banktrack formulent un avertissement en temps opportun pour les décideurs tant publics que mondiaux que l’augmentation du financement du charbon, via les géants de la banque comme JP Morgan Chase, Citi et RBS ainsi qu’un grand nombre de banques chinoises, continue de fournir une aide vitale à l’industrie du charbon mal en point, compromettant du coup le climat de la planète. »
« Ce sont les données les plus exhaustives jamais rassemblées sur le financement des banques commerciales dans l’extraction du charbon et l’énergie à base de charbon, et même si nous sommes probablement capables de couvrir seulement un peu plus de la moitié du vrai soutien financier du secteur bancaire mondial pour ce domaine, le constat est amer : les chiffres de prêts ont constamment augmenté depuis 2005, et l’année dernière a été une année record . »
Alex Scrivener, responsable de la politique du World Development Movement, a déclaré:
« Au moment précis où nous devons rapidement désinvestir du charbon afin d’éviter les pires impacts du changement climatique, les banques du monde entier alimentent une toute nouvelle série de plusieurs mines de charbon et plus de centrales au charbon. Toute notion d’«éthique bancaire» est incompatible avec le financement d’une source d’énergie comme le charbon. C’est non seulement un désastre pour le climat, mais également une injustice infligée aux communautés dans les pays du Sud qui ont été dévastées par les impacts de l’exploitation des mines de charbon. »
Lucie Pinson, militante et spécialiste banques aux Amis de la Terre / Friends of the Earth en France, a ajouté:
« Ces nouveaux résultats sur le «coal bank» aideront également à galvaniser l’enthousiasme croissant du public pour le désinvestissement du charbon et d’autres combustibles fossiles en mettant en exergue l’énorme décalage entre la frénésie des banques sur leurs aspirations et investissement dans l’énergie propre, et leur énorme soutien de moins en mois clamé pour le charbon polluant.
C’est une très bonne chose de faire écho de l’investissement dans le solaire et l’éolienne partout, comme les banques le font chaque année dans leurs rapports de développement durable. Mais nos nouvelles données montrent à quel point la majorité du secteur bancaire reste favorable à la pollution, au changement climatique et au charbon – la plus importante révélation qu’ils refusent de mettre au grand jour».
Heffa Schücking, directrice du groupe allemand de l’environnement Urgewald et membre de Banktrack, a indiqué:
« Les preuves présentées dans le nouveau rapport de Banktrack sont choquantes quand on considère non seulement le fait que le GIEC est sur le point de publier encore ses découvertes scientifiques les plus solides sur l’ampleur des changements climatiques d’origine humaine et les effets néfastes généralisés sur l’homme et d’autres systèmes naturels. Mais aussi que bon nombre des plus grandes banques publiques, y compris la Banque Mondiale, ont été les premières à accueillir chaleureusement le retrait du financement de nouveaux projets de centrales au charbon. Il incombe maintenant aux banques privées de suivre l’exemple, et rompre définitivement avec le charbon.»