La France affiche de grandes ambitions en matière de financement de la transition énergétique. Elle s’apprête pourtant à financer un projet qui, s’il devait être mené à terme, suffirait à réduire à néant les objectifs climatiques dont s’est dotée l’Europe.

Il s’agit du gazoduc transadriatique, TAP, qui reliera la Turquie à l’Italie. C’est le maillon occidental du « corridor gazier sud-européen », une chaîne de gazoducs gigantesques censés pomper chaque année plus de 10 milliards de mètres cubes de gaz de l’Azerbaïdjan vers l’Europe. Le chantier est en cours, encadré par un déploiement massif de militaires et policiers.

Ce projet a été conçu avant que l’Accord de Paris n’ait été adopté et la Commission européenne elle-même admet qu’elle n’a pas réalisé d’évaluation de l’impact climatique du projet de gazoduc. La seule décision en accord avec l’intérêt général est donc de geler immédiatement le soutien de nos institutions publiques au projet TAP ainsi qu’à toutes les autres sections du corridor gazier sud-européen.

Or plus tôt dans le mois, la Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement (BERD, qui dépend de l’Union européenne et de ses Etats membres, et où la France est représentée par le ministère de l’économie et des finances) a pris la décision irresponsable d’octroyer un prêt de 500 millions d’euros au méga projet, et a annoncé que plusieurs agences de crédit à l’exportation examinent actuellement la possibilité d’apporter un soutien supplémentaire au projet – dont la France, via la Banque Publique d’Investissement (BPI) !

En décembre dernier, alors qu’Emmanuel Macron convoquait un sommet international sur la “Finance climat”, nous étions alors un mouvement large à nous constituer autour d’une revendication : “Pas un euro de plus pour les énergies du passé”. Comme nous le révélions dans un rapport à cette occasion, la BPI et sa maison mère, la Caisse des Dépôts et Consignations, qui gère la plupart des actifs et des investissements publics, continuent de détourner massivement l’argent public des solutions énergétiques démocratiques et renouvelables pour l’injecter dans de nouvelles “bombes carbones”.

Nous devons être nombreux et nombreuses à exiger du gouvernement français qu’il mette en oeuvre ses promesses. Car si les conséquences du projet TAP sur le climat justifient amplement son rejet, le TAP aurait des conséquences également terribles pour les populations vivant le long du tracé.

En Italie, dès que les opérations de déracinement d’oliviers multi-centenaires ont débuté afin de dégager le terrain pour le gazoduc, un mouvement de plusieurs milliers de personnes a organisé des actions non-violentes quotidiennes pour bloquer l’avancée des travaux. Des mères, grands-parents, enseignant.e.s, travailleur.se.s de la santé et cultivateur.trice.s d’olives se sont uni.e.s pour mener une résistance résolue et pacifique et défendre la terre, l’eau et les communautés environnantes, en dépit de violentes représailles de la police et des amendes individuelles qui atteignent 10 000 €. Plusieurs élu.e.s locaux.les dénoncent les manoeuvres de corruption qui ont entouré l’attribution de nombreux marchés liés à la construction du gazoduc, et qui expliqueraient comment les entreprises portant le projet sont parvenues à l’imposer.

photo by Alessandra Tommasi

 

Le gouvernement italien, quant à lui, est divisé : si le mouvement 5 étoiles a régulièrement dit son opposition au gazoduc, y compris par la voix de l’actuel ministre de l’environnement qui est issu de ces rangs, le président de la République a réaffirmé la semaine passée son soutien total au TAP.

Mais c’est la mobilisation locale, et la solidarité internationale, qui seules permettront de faire échec à ce projet ruineux et mortifère. La région des Pouilles, au Sud du pays, est à la fois pauvre et enclavée ; elle est également très vulnérable aux dérèglements climatiques, une grande partie de la population vivant de l’agro-élevage et du tourisme.

Leur lutte est déjà soutenue partout en Europe ! Des groupes s’organisent pour cibler les différentes institutions financières et les entreprises impliquées dans le projet.

Les communautés locales ont besoin d’appui. Alors que la France s’apprête à injecter l’argent public dans ce projet funeste, nous ne pouvons laisser faire BPIFrance, et le gouvernement qui supervise son action.

Rejoignez cette action : envoyez un tweet aux responsables de BPIFrance, de la CDC, et à leurs autorités de tutelle : Bercy, Matignon et la Présidence de la République !

#Pasuneurodeplus pour le projet #TAP ! Les acteurs publics @Bpifrance @caissedesdepots doivent honorer leurs engagements en matière climatique, par des financements qui soient compatibles avec l’Accord de Paris. Cc @EmmanuelMacron @Eric_R_Lombard @BrunoLeMaire #ZeroFossile #NoTap

.@Bpifrance & @caissedesdepots doivent renoncer à financer le gazoduc #TAP avec l’argent public, et toutes les infrastructures inutiles et incompatibles avec l’Accord de Paris. Cc @EmmanuelMacron @NicolasDufourcq @Eric_R_Lombard @BrunoLeMaire #ZéroFossile #noTAP


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