13/02/2015

La “Journée Mondiale du Désinvestissement” des 13 et 14 Février entend mettre les combustibles fossiles à la retraite

Aujourd’hui, dans le monde entier, des milliers de personnes vont se rassembler pour demander à leur université, à leur ville, à leur caisse de retraite, à leur banque ou à leur église de désinvestir des combustibles fossiles

MONDE – Le mouvement pour le désinvestissement des combustibles fossiles mobilise pour une Journée d’action Mondiale du Désinvestissement ces 13 et 14 Février pour augmenter la pression sur les institutions afin qu’elles désinvestissent des deux cents plus grosses entreprises du secteur fossile [1] qui sont à l’origine de la crise climatique.

En France, 350.org lancera sa campagne pour demander au Fonds de Réserve pour les Retraites de désinvestir du secteur fossile – au 31 décembre 2013, le Fonds détenait plus de 920 millions d’euros[2] en actions et obligations de deux cents plus gros pollueurs du secteur fossile (pour un total de plus de 2 milliards d’investissement dans des entreprises du secteur).

La campagne démarrera par un rassemblement devant le musée d’Orsay, à quelques pas du siège de la Caisse des Dépôts (qui gère le Fonds de Réserve pour les Retraites) le 13 février au soir, au cours du quel les investissements toxiques du FRR seront portés à la connaissance du public.

Les événements de la Journée Mondiale du Désinvestissement auront lieu dans le monde entier et vont marquer un tournant pour le mouvement qui s’efforce de délégitimer davantage l’industrie des énergies fossiles. En Afrique du Sud, où le mouvement de désinvestissement des années quatre-vingt a joué un rôle déterminant pour précipiter la chute du régime d’Apartheid, l’accent sera mis sur certaines des plus grandes banques du pays qui ont une responsabilité essentielle dans la dépendance croissante de l’Afrique envers les énergies fossiles.

Aux États-Unis et en Grande Bretagne, des étudiants organisent des sit-ins et desflashmob sur les campus. Au Japon, au Népal et en Ukraine, des militants prévoient d’appeler à nouveau les institutions à désinvestir. À Sydney, à Londres et à New York, les militants vont se rassembler pour sensibiliser l’opinion à la menace que représente la bulle carbone. En Californie, des activistes lancent une nouvelle campagne d’importance visant les fonds de pension de l’état. En Australie, des citoyens vont retirer leur argent des banques qui financent l’industrie du charbon dans le pays.

« Le mouvement de désinvestissement des énergies fossiles a grandi de manière exponentielle pendant ces deux dernières années, et il se mondialise, » a déclaré May Boeve, directrice générale de 350.org. « Des îles du Pacifique à l’Afrique du Sud, des États-Unis à l’Allemagne, les gens se lèvent et défient le pouvoir de l’industrie des énergies fossiles. Nous savons que les énergies fossiles appartiennent au passé et que l’avenir réside dans les énergies propres. »

La campagne de désinvestissement des énergies fossiles a démarré aux États-Unis en 2012. Depuis, elle s’est étendue dans le monde entier, particulièrement en Europe et en Australie. D’après une étude de l’Université d’Oxford, ce mouvement croît plus rapidement qu’aucune autre campagne de désinvestissement, et ce mouvement pourrait avoir des « répercussions considérables » sur la rentabilité de l’industrie.[3] Depuis le début du mouvement, 25 grandes écoles et universités, des douzaines d’institutions religieuses et de nombreuses villes se sont engagées à désinvestir. Ces institutions représentent au total plus de cinquante milliards de dollars d’actifs.[4] Plus de 30 institutions ont désinvestit lors de ces six derniers mois.[5]

Les militants qui se sont focalisés l’enjeu moral autour du désinvestissement constatent naturellement que la baisse des du pétrole, depuis trois mois, renforce leurs arguments. Dorénavant, les investisseurs expriment de plus en plus leurs inquiétudes sur la viabilité financière à long terme de l’industrie des énergies fossiles et s’opposent aux investissements visant à découvrir de nouvelles réserves de gaz, de pétrole ou de charbon.

Selon Naomi Klein, l’auteure et journaliste renommée, « nous sommes dans une bien meilleure position pour l’emporter mais nous devons comprendre qu’il ne s’agit que d’une ouverture. Ce n’est surtout pas le moment de verser dans l’autosatisfaction. » [6]

Cette journée mettra en lumière un nouvel aspect grandissant du mouvement de désinvestissement : le réinvestissement. Les militants appellent de plus en plus les autorités à ne pas se contenter de désinvestir de l’industrie des énergies fossiles, mais aussi à réinvestir leur argent dans des solutions énergétiques durables et justes, en portant une attention particulière aux populations les plus touchées par le changement climatique et par l’économie basée sur les énergies polluantes.

La Journée Mondiale du Désinvestissement s’appuie sur l’élan causé par la Marche pour le Climat de septembre dernier qui a rassemblé plus de quatre cent mille personnes dans les rues de New York, et des centaines de milliers d’autres à travers le monde, dont plusieurs dizaines de milliers à Paris. Les organisateurs considèrent le désinvestissement comme une stratégie décisive avant la conférence climat des Nations Unies à Paris.

« Le désinvestissement est un outil déterminant pour faire évoluer le monde au-delà des énergies fossiles et vers les énergies renouvelables, » a déclaré Payal Parekh, directrice générale de 350.org. « Le mouvement de désinvestissement montre l’exemple de ce que doivent faire les gouvernements : retirer les fonds qui alimentent le problème et les investir dans des solutions. C’est le moyen le plus efficace d’assurer un avenir meilleur pour les êtres humains et pour l’ensemble de la planète. »

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CONTACTS

Nicolas Haeringer, 350.org Chargé de Campagne, nicolas@350.org, +33650861259

Melanie Mattauch, 350.org Attachée de presse Europe, melanie@350.org,+4915158120184

Hoda Baraka, 350.org Directeur de la Communication Internationale, hoda@350.org, +201001-840-990

Photographies des événements internationaux disponibles ici.

Des vidéos des différentes actions seront mis à votre disposition sur demande.

NOTES AUX RÉDACTEURS

[1] La Carbon Underground 200 est une liste mise à jour tous les ans des deux cents plus importantes entreprises publiques liées à l’industrie du charbon, du pétrole et du gaz dans le monde, classées par niveau potentiel d’émission de carbone de leurs réserves déclarées. Cette liste est générée et maintenue par Fossil Free Indexes, LLC. Les campagnes de désinvestissement à travers le monde se réfèrent à cette liste pour définir les « entreprises de l’énergie fossile » dans leurs actions de désinvestissement.

[2] D’après une étude de l’Observatoire des Multinationales commandée par 350.org, qui sera rendue publique le 13 février (une version provisoire, sous embargo, est toutefois disponible).

[3] The Guardian :Campaign against fossil fuels growing, says study

[4] Arabella Advisors, ‘Measuring the Global Fossil Fuel Divestment Movement’ (September 2014)

[5] Agenda détaillé des engagements pour le désinvestissement à ce jourici

[6] Naomi Klein et May Boeve ont évoqué le mois dernier le rôle du désinvestissement des énergies fossiles pour un vrai changement en 2015. Voir ici.

CITATIONS

Kumi Naidoo, Directeur Exécutif International de Greenpeace : « Les populations du monde entier reprennent le pouvoir, seuls ou grâce à des modèles financiers innovants. Ils désinvestissent des énergies fossiles et envoient un message fort aux politiciens et autres grosses compagnies : la phase de sortie des énergies fossiles polluantes ne fait que commencer ; arriver à 100 % d’énergies renouvelables pour tous est inévitable. Ceux qui parient sur un avenir basé sur le charbon, le pétrole et le nucléaire perdront, les citoyens du monde entier réclament une transition juste vers un futur vert. »

AFRIQUE

Desmond Tutu, Archevêque de l’Église Anglicane, Prix Nobel de la Paix, a écrit dansThe Guardian : « Nous avons besoin d’un boycott comme pour l’apartheid afin de sauver la planète. Nous devons mettre fin au changement climatique. Et nous le pouvons, si nous utilisons la même stratégie qui a fonctionné en Afrique du Sud contre les plus gros émetteurs de carbone. » «Les personnes de conscience doivent rompre les liens avec des entreprises qui financent l’injustice du changement climatique. », « Il est insensé d’investir dans des entreprises qui mettent en péril notre avenir. Œuvrer en tant que gardien de la création n’est pas un vain mot ; cela demande de nous des actes, et avec toute l’urgence exigée par cette situation désastreuse. »

AUSTRALIE

Maria Clague, communauté Yaegl, Australie : « Les cultures indigènes se font détruire par l’industrie des énergies fossiles. Cela ne peut plus durer. Si nos gouvernements ne nous protègent pas, il est temps de parler le langage de l’argent et de désinvestir des entreprises de l’énergie fossile qui laissent nos terres en ruines. »

ÎLES DU PACIFIQUE

Isso Nihmei, Pacific Climate Warrior, Vanuatu : « Les activités de l’industrie des énergies fossiles font disparaître nos îles. Mais nous ne nous laissons pas noyer, nous nous battons. J’encourage les gens du monde entier à soutenir notre combat en désinvestissant de l’industrie des énergies fossiles. »

EUROPE

Áile Javo, Président du Conseil Saami, Suède : «Les peuples indigènes du monde entier sont menacés par le changement climatique. Nous, les Saamis, nous dressons pour défendre nos droits, solidaires avec les autres communautés qui sont en première ligne, et nous appelons les pouvoirs publics à se joindre à nous. Nous réclamons que l’argent public soutienne des solutions qui sauvegardent une planète vivable au lieu de financer des énergies fossiles qui nous dépouillent de nos moyens de subsistance. »

ASIE

May Macapobre, Centre de Développement Agricole, Philippines : « La nécessité de sortir des énergies fossilespour passer aux énergies renouvelables devient impérative pour les gens qui vivent dans les parties du monde les plus vulnérables. En novembre dernier a eu lieu le premier anniversaire du typhon Haiyan et le peuple des Philippines attend toujours qu’on lui rende justice. Cela nous rappelle pourquoi les gouvernements des pays développés doivent retirer leurs investissements de l’énergie sale et l’investir dans d’autres solutions. »

AMÉRIQUE DU NORD

Stephen O’Hanlon, Swarthmore Mountain Justice Organizer, Swarthmore College, USA : « Les grandes écoles et les universités ont une responsabilité particulière pour assurer à leurs étudiants un avenir où ils pourront s’épanouir. Il est inadmissible que nos écoles et nos universités investissent dans les mêmes entreprises qui mettent en péril notre avenir de manière irréfléchie. Trop longtemps, nous avons vu des responsables qui tournaient le dos à notre génération, et choisissaient de s’associer avec une industrie malhonnête. La Journée Mondiale du Désinvestissement est le moment d’agir pour l’avenir que nous savons être possible. »

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