Cette année, le collectif Sciences Po Zéro Fossile a fait bouger les lignes en demandant à Sciences Po de cesser son partenariat stratégique avec Total et de refuser tout lien financier avec l’industrie fossile (notamment Gazprom, Total, ENGIE, EDF). Si leur campagne est une des premières en France dans les universités, elle s’inscrit dans le mouvement mondial Zéro Fossile : grâce aux campagnes citoyennes, 650 institutions au profil très varié ont déjà décidé de rompre publiquement avec une industrie dont les choix industriels sont incompatibles avec notre futur.

standsciencespoAprès avoir lancé leur pétition, les étudiant-e-s de la campagne ont crée leur page sur Facebook, tenu des stands, organisé des rendez-vous ouverts chaque semaine afin de rallier les étudiant-e-s à leur cause et de permettre au groupe de s’agrandir. S’ils étaient quatre en début d’année à organiser la campagne, leur pétition a convaincu en quelques mois plus de 850 personnes.

Comme il est spécifié dans la charte de déontologie : “Sciences Po conformément au souhait de ses fondateurs, assume une mission d’intérêt général. La responsabilité sociale de Sciences Po, inscrite au cœur de ses missions de service public, constitue une préoccupation centrale qui donne du sens à l’ensemble de nos activités.” Sciences Po s’est également positionné comme “acteur progressiste” pendant ces dernières années, en organisant par exemple un grand nombre de conférences (“Make it work”) dans le cadre de la COP21. Face à l’urgence climatique, les étudiant-e-s appellent Sciences Po à écouter ses propres recherches et à prendre ses responsabilités dans la lutte contre les dérèglements climatiques.

En effet, selon les scientifiques, si elles sont exploitées, les réserves fossiles existantes (pétrole, charbon, gaz) dépassent largement le budget carbone qu’il est possible d’émettre si nous souhaitons atteindre l’objectif que se sont fixés pratiquement tous les gouvernements de la planète en décembre 2015 à Paris : celui de limiter la hausse de la température mondiale “nettement en dessous de 2°C”, en se fixant un objectif plus précis de 1,5°C. Or l’industrie fossile ne prévoit aucunement la reconversion de son secteur aux énergies renouvelable. A l’inverse, elle prévoit d’appuyer sur la bombe carbone en exploitant chaque réserve et en poursuivant ces recherches d’hydrocarbures dans les régions les plus sensibles.

Soutenir l’industrie fossile apparaît donc comme une claire contradiction avec les missions de l’école. Conformément à cette logique, Sciences Po n’accepte plus les partenariats avec l’industrie des armes et du tabac. Pourquoi alors légitimer les choix industriels et l’influence politique destructrice de Total en acceptant un partenariat stratégique?

dothemathsTout au long de l’année, le collectif a organisé différents événements pour ouvrir le débat, rompre le status-quo et rassembler les étudiant-e-s autour de la justice climatique et du mouvement Zéro Fossile. 

Lors de la projection du film Do the Math en Février, le groupe a par exemple présenté les liens entre Sciences Po et le secteur de l’industrie fossile.

Pendant la semaine de du développement durable en Mars, plus de 100 élèves ont participé pour exprimer les raisons pour lesquelles ils/elles appellent leur école à rompre avec Total.


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L’année s’est conclue sur une interpellation joyeuse des étudiant-e-s de Sciences Po lors du Gala où été organisé un “cocktail climatique”. Le message était clair : refusez une coupe de pétrole pour éviter de boire la tasse.

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La campagne se construit pas à pas en entretenant des contacts avec les syndicats étudiants et les différentes associations, mais aussi avec l’administration de l’école. Le groupe est par exemple en début de processus pour faire avancer ses demandes afin que Sciences Po mette fin à ses partenariats avec Total devant le Comité des dons et les structures institutionnelles liées.

Selon les étudiant-e-s de la campagne, la recherche d’information est également un défi car il y a très peu de transparence et il est parfois difficile de comprendre les liens entre l’industrie des énergies fossiles et l’école. Parfois ces liens sont évidents et tangibles, parfois non. C’est pourquoi les élèves demandent en premier lieu à Sciences Po de respecter son souhait d’être “une institution exemplaire dans son fonctionnement et dans sa gouvernance, en visant la transparence”.

“Au début de la campagne, nous avons découvert que les élèves étaient en attente, il faut juste un peu d’initiative pour commencer et la campagne se construit au fur et à mesure. Chaque campagne initiée peut en provoquer de nouvelles et engendrer un vrai mouvement dans les universités françaises.” conclut une des étudiantes du groupe.

Au cours de l’année, le Réseau Français des Etudiants pour le Développement Durable est devenu partenaire de la campagne et a rejoint 350.org dans son appel pour libérer l’enseignement supérieur de l’industrie fossile. Si les liens de l’industrie fossile, et en particulier Total, sont particulièrement visibles dans plusieurs écoles, que ce soit à Dauphine, HEC ou encore l’ESCP, c’est l’ensemble du secteur secondaire qui est en réalité concerné. Nous travaillons actuellement à un rapport sur le sujet pour la prochaine rentrée universitaire.

D’ici là, préparons ensemble la rentrée : rejoignez notre journée de formation le samedi 17 juin à Paris pour devenir organisateur/trice du mouvement et libérer nos universités de l’industrie fossile.

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